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Frank Rodick©Giovanny Zapata Builes

Frank Rodick

Frank Rodick nació y creció en Montreal, en medio de montañas y bosques de libros que fueron sus hermanos y sus confesores. Algunas décadas más tarde, dio un portazo a su carrera académica predilecta cuando tuvo la siguiente revelación: no hay cráneo detrás de esta cara. Dado que eligió a sus padres sin pensarlo mucho, tuvo que ganarse el pan con largas caminatas junto a seres estremecidos, oscuros, es decir, seres abyecta y sencillamente humanos (las únicas personas interesantes en la Tierra). En el camino, se le volvió a marcar un antiguo y doloroso tatuaje en el córtex frontal. Y ha podido escuchar las mejores historias.
Al mismo tiempo –seducido por encantadoras mentiras a las cuales permanece fiel–, se encorva, bizquea, y crea imágenes, una de las pocas cosas aún agradables y que parecieran tener sentido. Crea imágenes porque piensa que es valioso fomentar ruidos que algunos llegarán a escuchar, él incluido (otra mentira, sí). Y sí, pareciera que crear imágenes les impide a esos perros de ojos oscuros y de dientes rojos desgarrar ciertas profundidades.
Estos días hace como siempre: tropieza sobre brasas anaranjadas que se consumen en un suelo carbonizado. Las recoge y las aviva con una pizca propia de renunciamiento, de hybris, de asombro, dos o tres dedos de mater dolorosa y una lágrima de dolor. ¡Tremenda suerte!

Frank Rodick est né et a grandi à Montréal, au milieu des montagnes et des forêts de livres qui ont été ses frères et ses confidents. Quelques décennies plus tard, il a claqué la porte de la carrière académique de prédilection qui lui était promise, frappé par une révélation : il n’y a aucun crâne derrière ce visage. Ayant choisi ses parents sans jugeote, il doit gagner son pain par de longues balades en compagnie d’êtres troublés, sombres, c’est à dire simplement et abjectement humains (en bref, les seules personnes intéressantes sur terre). En chemin, un tatouage ancien et douloureux sur son cortex frontal est réapparu. Et il écoute les plus belles histoires. En même temps – séduit par de charmants mensonges auxquels il demeure fidèle – il se courbe, louche, et crée des images, l’une des rares choses qui soient encore plaisantes. Il crée des images car il sent qu’il est valeureux de créer des bruits que quelques personnes pourraient entendre, lui y compris (encore un mensonge, certes). Oui, créer des images semble empêcher les chiens aux yeux sombres et aux crocs rouges de lacérer aussi profondément. Ces jours ci, il fait comme d’habitude : il trébuche sur des braises orangées qui se consument sur un sol carbonisé. Il les ramasse et les attise avec une distillation personnelle de renoncement, d’hubris, et d’émerveillement, deux ou trois doigts de mater dolorosa et une larme de douleur. Une chance démoniaque !